Le monastère de Chevetogne a été fondé à la fin de l’année 1925 par Dom Lambert Beauduin (1873-1960) qui, comme moine de l’abbaye du Mont-César (Louvain), avait auparavant animé le renouveau liturgique en Belgique. La rencontre de l’Orient chrétien a rendu Dom Lambert Beauduin conscient de la division des églises et a inspiré son projet de fonder un monastère dédié à l’unité des chrétiens.
La lettre Equidem Verba (1924) du pape Pie XI adressée à l’Abbé primat de l’Ordre bénédictin afin d’attirer son attention sur la question de l’unité, lui permit de réaliser cette nouvelle fondation; au mois de décembre 1925, le Père Beauduin s’installe avec quelques confrères à Amay-sur-Meuse au diocèse de Liège, d’où la communauté déménagera à Chevetogne au diocèse de Namur en 1939. Le 11 décembre 1990 le prieuré de Chevetogne a été élevé au rang d’abbaye.
Dès la fondation, Dom Beauduin travailla au lancement d’une revue œcuménique Irénikon, consacrée à la recherche de l’unité entre les églises, qui commença à paraître dès avril 1926 et continue jusqu’aujourd’hui.
Par ses contacts avec des personnalités des églises et communautés séparées de Rome (orthodoxie, anglicanisme, protestantisme), l’accueil des hôtes, la célébration liturgique selon les traditions liturgiques byzantine et latine, l’organisation de colloques théologiques depuis 1942, la communauté de Chevetogne a voulu engager un dialogue loyal avec les chrétiens d’autres confessions et faire connaître aux chrétiens d’Occident la richesse de la tradition de l’Orient chrétien.
Le monastère de Chevetogne marchait ainsi sur la voie nouvelle frayée par les précurseurs de l’idée œcuménique dans l’église catholique (Fernand Portal, Max de Saxe).
Le monastère a ainsi contribué pour sa part à faire évoluer l’attitude de l’église catholique en faveur de l’œcuménisme (recherche de l’unité entre les églises par un dialogue sur pied d’égalité), qui deviendra sa doctrine officielle au Concile Vatican II (1962-1965).
Aujourd’hui encore, la communauté de Chevetogne prie, travaille, accueille ses hôtes avec au cœur la prière du Christ avant sa passion: "Qu’ils soient un".