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Fête de la Rencontre

Quarante jours après la fête se termine le cycle de Noël, car c’est en ce jour que l’enfant premier-né devait être offert, consacré au Seigneur.

Dans la religion primitive ceci signifiait, qu’il devait être sacrifié ! Il y avait là-dedans plus qu’un devoir  d’un acte sanglant : c’était une compréhension psychologique profonde : pour appartenir à Dieu, on doit passer par la mort physique, car avec le regard borné de notre état humaine nous sommes incapables de voir la Gloire divine et d’autre part on risque de reprendre ici bas, ce qu‘on a offert à Dieu. C’était un usage commun chez les peuples du Moyen Orient, contre lequel les Juifs ont toujours farouchement protesté.

Cette idée n’était pas tout à fait absente dans la sensibilité religieuse du Peuple Juif, mais cette reconnaissance du domaine de Dieu était dans la Loi de Moïse traduite par une échange : au lieu de l’enfant on offrait un animal à sa place ! Par cette offrande on reconnaissait le droit de Dieu sur les premiers-nés et en même temps on rendait grâce pour ce double don de Dieu : pour la vie matérielle de l’enfant et sa sanctification ! Ce rite de la Présentation était donc le vrai achèvement de la naissance.

On appelle cette fête aussi le Rencontre : Premier rencontre d’un être humain avec le temple, la Présence de Dieu, de Celui qu’on appelait : le PÈRE et en cela on haussait la naissance humaine au niveau de devenir enfant de Dieu.

Mais en réfléchissant ainsi sur cet évènement on peut le considérer également comme le début du cycle pascal ! Car si tous les enfants mâles premiers-nés devaient être sanctifiés par le rachat, Celui-ci serait sacrifié pour le Rachat de toute l’Humanité.

La première signification reste pourtant dans le domaine commun de la piété juive : l’enfant est sanctifié d’une manière spéciale et cette sanctification est particulièrement appropriée pour l’enfant Jésus.  C’est un signe ‘mystique’ de la signification de toute Sa Vie et de Sa mort.

Nous sommes conviés à nous associer  à cette célébration en Action de Grâce.

Vue pourtant la place spéciale de  cet enfant, notre Action de Grâce n’est pas simplement un remerciement comme pour chaque être humain, mais une élévation vers Dieu remerciant pour ce Don, qui  dépasse toute attente.

Dans l’Enfant Jésus Dieu se donne lui-même. Il n’y pas de mots pour l’expliquer, ni d’idées pour le rendre plus compréhensible et lorsque nous pouvons nous imaginer, qu’on puisse le voir, le toucher sensiblement comme des petits enfants, que nous rencontrons, on oublie de tenir l’autre bout de l’observation : que ce n’est que par l’inspiration du S. Esprit, qu’on puisse arriver à reconnaître en Lui : le Sauveur de nos âmes.

C’était là le privilège du vieillard Syméon et la prophétesse Anne.

Le texte de l’évangile nous le transmet, mais cela ne nous facilite pas l’accès à cette vérité.

Les enfants, c’est une source de joie. Les parents, qui en ont été béni le savent et les couples, qui  en sont  privés, le comprennent dans leur détresse intime. Le premier pas vers la connaissance du Mystère de Dieu-fait-homme c’est probablement la vue tout simple d’un enfant et de tout ce que cela signifie d’attente, de joie, mais aussi de difficulté d’avoir un vrai contact. Plus difficile peut-être pour le père, que pour la mère. Ici se termine la comparaison.

 

La première lecture de la prophétie de Malachie peut nous aider à comprendre la soudaineté et l’aspect inattendu de l’évènement pourtant si profondément espéré, mais c’est surtout dans la lecture de la lettre aux Hébreux que la grandeur de l’Apparition nous est révélée.

Dans le corps des lettres pauliniennes deux sont d’une importance inégalée : celle aux Romains pour la Théologie de la Rédemption et celle aux Hébreux pour la Sacramentalité de l’œuvre de notre Salut.

C’est justement au cycle de Noël, que cette lettre est le plus citée, car le Mystère de l’Incarnation : de Dieu-fait-homme, nous devient touchable et intelligible seulement par les Sacrements : signes visibles, qui actualisent la  présence divine dans ce monde ici-bas.

La lecture de ce jour nous enseigne sur le point central de la fonction sacerdotale du Christ : de son unicité comme intermédiaire et de son union substantielle avec le genre humain. Il faudrait méditer l’ensemble de la lettre pour pénétrer son enseignement sur la source de tout l’œuvre sacramentel en vue de notre  Rédemption.

Je me limite maintenant à une seule citation, que nous avons déjà entendu le quatrième dimanche de l’Avent : C'est pourquoi Christ, entrant dans le monde, dit : Tu n'as voulu ni sacrifice ni offrande, Mais tu m'as formé un corps. Tu n'as agréé ni holocaustes ni sacrifices pour le péché. Alors j'ai dit : Voici, je viens (Dans le rouleau du livre il est question de moi) Pour faire, ô Dieu, ta volonté.

C'est en vertu de cette volonté que nous sommes sanctifiés, par l'offrande du corps de Jésus Christ, une fois pour toutes. (10,5-10)

 

L’Entrée au temple, que nous fêtons aujourd’hui en est le début et l’affermissement. Le  Christ maintenant est assis à la Droite de Dieu. Celui, qui fut présenté dans le Temple, est par sa mort entré ( à travers le voile de son humanité) dans le Temple de la Gloire et a détruit (par sa mort) la puissance de la mort. A ceux, qu’il a rendus apte au culte du Dieu vivant, Il a ouvert l’accès à son Père.

Vous vous êtes approchés de la montagne de Sion, de la cité du Dieu vivant, la Jérusalem céleste, des myriades qui forment le chœur des anges, de l'assemblé des premiers-nés inscrits dans les cieux, du juge qui est le Dieu de tous, des esprits des justes parvenus à la perfection, de Jésus, qui est le médiateur de la nouvelle alliance, et du sang de l'aspersion qui parle mieux que celui d'Abel. (12,22)

Déjà dans cette célébration-ci – comme le dit expressément la Liturgie de S. Jacques en citant ces paroles –  cela se réalise par la grâce de l’Esprit Saint.

Pourtant nous avons souvent l’impression de nous tenir devant l’entrée du temple, sans pouvoir  y entrer. Or la fête, que nous célébrons, nous invite à un regard plus confiant ;

C'est pourquoi, recevant un royaume inébranlable, retenons fermement cette grâce et rendons à Dieu avec crainte et respect  un culte, qui lui soit agréable, …(12,28)

Persévérez dans l'amour fraternel.

Et après d’autres avertissements : Ne vous livrez pas à l'amour de l'argent ; contentez-vous de ce que vous avez ; car Dieu lui-même a dit : Je ne te délaisserai point, et je ne t'abandonnerai point. (13,5) Une telle promesse de la part de Celui, qui ne peut pas nous tromper, ni nous décevoir, nous ramène à la conclusion du chapitre 2, (dont la lecture d’aujourd’hui) où il est dit, que le Christ, notre Grand prêtre  miséricordieux…ayant été tenté lui-même dans ce qu'il a souffert,  peut venir en aide à ceux qui sont éprouvés.(2,17s).

Que ces paroles soient  une aide et un encouragement sur notre chemin, une lumière, qui nous illumine constamment, car la Grâce, que le Seigneur nous donne, c’est de reconnaître dans le petit enfant, que le vieillard  Siméon porte dans ses bras, le Pasteur de nos âmes, qui portera sur ses épaules les brebis égarés, que nous sommes. Lui, qui est la Lumière pour toutes les nations !… et que dans nos prières nous n’oublions pas le peuple, dont Il devait être la Gloire selon le cantique de Siméon.