Dans l’Evangile, le Christ Jésus nous est révélé comme un être fondamentalement relié au Père. Il reçoit tout de Lui et vit tout en référence à Lui.
Il reçoit du Père sa personnalité profonde, son être filial et sa joie d’exister, qui est la plus belle chose que nous puissions désirer. Avant le cours du temps, engendré éternellement du Père comme Fils unique et bien-aimé, Il est dans le temps, chaque jour, engendré et réengendré à cette vie filiale, qui est son être propre. Il est en ce monde le Fils du Père et l’Envoyé du Père, pour réaliser Son dessein bienveillant sur l’humanité.
Chaque jour aussi, par conséquent, Jésus reçoit du Père sa mission. Ma nourriture, c’est de faire la volonté du Père, dit-il un jour. Mais comment Jésus vit-il cette « reliance » fondamentale au Père ? On peut signaler 3 pistes :
La première est une à laquelle on ne pense guère : je veux parler de la médiation des Ecritures. Jésus se sait l’accomplissement de toutes les Ecritures : la Loi, les Prophètes et les Psaumes. Par la médiation des Ecritures, Il sait qui Il est et ce que le Père attend de Lui.
Ensuite il y a la prière de Jésus. : son face à face avec le Père, où il se plonge dans la lumière de ce Dieu dont Il est issu pour relire et interpréter tout ce qui lui arrive.
Enfin il y a toutes les rencontres faites par Jésus, comme celle de la cananéenne que nous rapporte l’évangile de ce matin.
Ainsi, au fil des jours, Jésus invente sa mission, c'est-à-dire qu’il la découvre, mais toujours en relation avec le Père et son dessein d’amour bienveillant.
L’évangile de ce jour nous met en scène un moment-clef de la mission du Christ parmi nous : celui de l’ouverture du salut et de la miséricorde de Dieu à toutes les nations. Ce mystère, c’est saint Paul qui utilise ce terme, avait été annoncé par les prophètes, surtout par Isaïe et Jérémie. Siméon dans le temple en avait parlé lui aussi et cela était resté gravé dans le cœur de Marie.
Pourtant Jésus avait d’abord affirmé qu’Il n’était envoyé qu’aux brebis perdues d’Israël. Eh bien aujourd’hui une païenne le fait changer d’optique et cela est stupéfiant. Jésus avait déjà connu le germe de ce changement lorsque Il avait admiré la foi du centurion de capharnaüm. Il avait annoncé alors que beaucoup viendraient de l’orient et de l’occident s’attabler avec Abraham dans le Royaume.
L’évangile d’aujourd’hui légitime l’obstination dans la prière. Dieu aime les audacieux. Dieu craque devant l’insistance de l’homme, même lorsque elle est à la limite de l’insolence, pourvu qu’elle soit humble et aille dans le sens du salut et de la vie.
Cet évangile a-t-il quelque chose à nous dire pour notre propre compte, puisque Jésus est pour nous le chemin vers le Père ? Oui. Nous sommes conviés à découvrir notre nom nouveau. Ce nom dont parle jean dans l’Apocalypse, écrit sur un caillou blanc, donné par Dieu au vainqueur et qui n’est connu que par celui qui le reçoit. Il s’agit de notre être intime, profond, véritable. Notre être filial, notre identité ne se trouvent que dans le Christ. C’est la terre promise à Abraham et vers laquelle nous sommes en route. Nous sommes appelés à injecter du sens dans notre existence. Pour cela 3 grands moyens nous sont donnés, comme à Jésus :
a) La méditation des Ecritures. L’histoire sainte est notre propre histoire. En méditant les Ecritures, nous relisons notre existence dans la lumière de Dieu et nous découvrons notre propre mystère.
b) La prière. Mais à condition qu’elle soit prolongée et silencieuse. L’oraison, l’adoration, c’est le climat indispensable à tout cheminement personnel authentique.
c) Enfin l’accueil de l’imprévu de Dieu. D’abord dans les autres que nous rencontrons sur notre chemin et qui nous interpellent au nom du Christ. Un jour aussi nous rencontrerons une cananéenne ou un centurion qui nous convertiront à un plus. L’accueil aussi des évènements, qui sont des signes de la présence d’un Dieu qui nous appelle sans cesse à avancer.
N’ayons pas peur de courir, à la suite du Christ et dans l’Esprit-Saint, la grande aventure de la vie filiale.