«Le Verbe s'est fait chair» est l'une de ces vérités à laquelle nous nous sommes tant habitués que la grandeur de l'événement qu'elle exprime ne nous touche presque plus. Pourtant nous célébrons: quelque chose d'absolument impensable, que seul Dieu pouvait opérer et que nous ne pouvons pénétrer que par la foi. Le Logos, qui est auprès de Dieu, le Logos qui est Dieu, le Créateur du monde (cf. Jn 1, 1), pour lequel furent créées toutes les choses (cf. 1, 3), qui a accompagné et accompagne les hommes dans leur histoire avec sa lumière (cf. 1, 4-5; 1, 9), devient un parmi les autres, prend demeure parmi nous, devient l'un de nous (cf. 1,14. «Le Verbe s'est fait chair» ici la parole «chair», selon l'usage juif, indique l'homme dans son intégralité, tout l'homme, mais précisément sous l'aspect de sa caducité et: temporalité, de sa pauvreté et contingence. Cela pour nous dire que le salut apporté par Dieu qui s'est fait chair en Jésus de Nazareth touche l'homme dans sa réalité concrète et dans toutes les situations où il se trouve. Dieu a assumé la condition humaine pour la guérir de tout ce qui la sépare de Lui, pour nous permettre de l’appeler, dans son Fils unique, par le nom d’ “Abba, Père”,· et être véritablement fils de Dieu. «Le Verbe s'est fait chair» : Dieu, en se faisant chair, a voulu se faire don pour les hommes, il s'est donné lui-même pour nous; Dieu a fait de son Fils unique un don pour nous, il a assumé notre humanité pour nous donner sa divinité. Cela est un grand don. Le mystère de l’Incarnation est là pour indiquer que Dieu n'a pas donné quelque chose comme cadeaux, mais il s'est donné lui-même dans son Fils unique. «Le Verbe s'est fait chair» Le fait de l'Incarnation, de Dieu qui se fait homme comme nous, nous montre le réalisme inouï de l'amour divin. L'action de Dieu, en effet, ne se limite pas aux paroles, nous pourrions même dire qu'Il ne se contente pas de parler, mais il se plonge dans notre histoire et assume en lui la fatigue et le poids de la vie humaine. Le Fils de Dieu s'est fait vraiment homme, il est né de la Vierge Marie, en un temps et en un lieu déterminés, à Bethléem sous le règne de l’ empereur Auguste, sous le gouverneur Quirinius (cf. Le 2, 1-2); il a grandi dans une famille, il a eu des amis, il a formé un groupe de disciples, il a instruit les apôtres pour continuer sa mission, il a terminé le cours de sa vie terrestre sur la Croix. Cette manière d'agir de Dieu est un puissant encouragement à nous interroger sur le réalisme de notre foi, qui ne doit pas être limitée au domaine du sentiment, des émotions, mais doit entrer dans le concret de notre existence, doit toucher par conséquent notre vie de tous les jours et l'orienter aussi de manière pratique. Dieu ne s'est pas arrêté aux paroles, mais nous a indiqué comment vivre, en partageant notre propre expérience, à l'exception du péché. Jésus est descendu du Ciel pour nous enseigner l’art de vivre. « Il s’est fait homme pour que l’homme devienne Dieu. » Il est le chemin pour que l’homme réalise sa vocation. «Le Verbe s'est fait chair». Saint Jean affirme que le Verbe, le Logos, était dès le début auprès de Dieu, et que tout a été fait au moyen du Verbe et rien de ce qui existe n'a été fait sans Lui (cf. Jn 1, 1-3). L'évangéliste fait clai¬rement allusion au récit de la création qui se trouve dans les premiers chapitres du Livre de la Genèse, et il le relit à la lumière du Christ. Ce même Verbe, qui existe depuis toujours auprès de Dieu, qui est Dieu Lui-même et au moyen du quel et en vue duquel tout a été créé (cf. Col1, 16.17), s’est fait homme : le Dieu éternel et infini s’est plongé dans la finitude humaine, dans sa créature, pour reconduire à Lui l'homme et toute la création. Avec l'Incarnation du Fils de Dieu a lieu une nouvelle création, qui donne la réponse complète à la question «Qui est l'homme?». Ce n'est qu'en Jésus que se manifeste de manière accomplie le projet de Dieu sur l'être humain: Il est l'homme définitif selon Dieu. Dans cet enfant, le Fils de Dieu contemplé dans le Noël, nous pouvons recon¬naître le véritable visage, non seulement de Dieu, mais le véritable visage de l'être humain; et ce n'est qu'en nous ouvrant à l'action de sa grâce et en cherchant chaque jour à le suivre, que nous réalisons le projet de Dieu sur nous, sur chacun de nous. Chers frères et sœurs, en ce temps de Noel, méditons la grande richesse du Mystère de l'Incarnation. Laissons Dieu nous transformer toujours plus en image de son Fils fait homme pour nous.
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