L’épisode de la guérison du paralytique nous l’avons déjà entendu en Carême dans la version de S.Marc. S.Marc et S.Luc donnent plus de relief à cette histoire en raccontant d’abord comment quatre personnes se mettent en route pour amener le paralytique et puis tout le récit comment ils enlevèrent les tuiles et défirent le toit pour descendre le malade devant Jésus.
S.Matthieu est plus sobre dans son récit. Il donne plus de poids aux paroles qui accompagnent les récits des miracles. Pourtant dans la guérison des possédés de Gérasa, S.Matthieu est le seul qui ne mentionne pas la conversation de Jésus avec l’homme guéri. Pour lui, avec le troupeau qui se précipite dans le lac, l’affaire est close.
Matthieu ne parle pas non plus des quatre porteurs, mais lorsque Jésus se trouve devant le paralytique, et qu’il voyait leur Foi, il dit: Confiance mon enfant, tes péchés sont remis. Là nous sommes vraiment au point central du message évangélique. Jésus est venu pour enlever le péché du monde. Cela n’est pas simplement effacer quelque chose du tableau, c’est un renversement de la situation générale du monde. C’est ce qui rend possible que soient remis les péchés personnels à chacun, qui avec Foi s’adresse au Christ. La Foi est ici la reconnaissance de l’œuvre rédemptrice et restauratrice de Jésus, mais en fait tout cela est pour ainsi dire concentré dans un acte de confiance dans la personne de Jésus.
Cette foi est nécessaire pour recevoir les bienfaits de Dieu, c’est un acte personnel, mais non sans lien avec l’adhésion à la Foi de nos proches.
Jésus s’est adressé au paralytique en voyant la foi de ceux qui l’accompagnent. L’évangile, qui s’exprime de manière très concise, ne parle pas de la foi du malade, mais il est certain que cette disposition intérieure est également contagieuse, soit de la part du paralytique vers ses compagnons, soit de la part d’eux vers le malade.
Ceci peut nous illustrer aussi l’importance de l’intercession et de la prière (qui est expression de notre foi) pour les autres. Lorsqu’on parle des choses d’importance vitale, comme la nourriture, le vêtement, le gite, Jésus dit de ne pas s’inquiéter, car notre Père céleste sait que nous en avons besoin. Pourtant il nous enseigne dans le Notre Père de demander le pain quotidien. Et plus que pour nous mêmes, je pense, que nous devons le demander pour les autres. Alors, qu’est-ce que cela signifie, que notre Père céleste y pense, si nous le lui devons rappeler si souvent?
Eh bien, c’est là justement la grandeur de la requête: Dieu nous veut comme ses associés dans son soin pour l’humanité. Nous sommes, nous devrions être, le Corps du Christ, insérés dans son humanité pour partager à sa divinité.
De cette manière nous devons comprendre l’importance qu’a dans les yeux de Jésus la foi des porteurs du malade.
Mais l’affirmation de Jésus, de pardonner le péché, n’est pas du tout bien reçu par certains auditeurs et Jésus les blâme pour leur mauvais sentiment. Pourquoi ’mauvais’? Ils se sont dit, que personne ne peut pardonner, si non Dieu seul. Cela est exacte. Ce qui était mauvais, c’était la conclusion: que Jésus blasphème. On pourrait encore pardonner cela, comme une erreur de raisonnement, mais Jésus savait qu’ils étaient venu, non pas pour s’instruire, mais pour le critiquer et l’accuser.
Jésus par contre n’est pas venu pour critiquer et accuser et c’est pourquoi il entre en discussion avec ses contradicteurs et il montre par un signe, qu’il est réellement capable de pardonner le péché, car c’est lui qui opère ce renversement au plus profond de la création: il restitue la santé au malade, non pas en le guérissant, mais en le recréant d’un coup, de sorte qu’il devient un homme nouveau possédant toutes ses qualités et forces.
Les évangélistes Marc et Luc terminent cet épisode en référant la réaction des présents devant ce miracle inouï: ‘jamais nous avons vu une chose pareille’.
S.Matthieu, outre l’étonnement et la crainte de la foule, conclut, qu’ils rendirent gloire à Dieu d’avoir donné un tel pouvoir aux hommes.
Cette conclusion est mystérieuse, elle doit certainement être mis en rapport avec la première affirmation de Jésus: tes péchés te sont remis, mais il semble alors prendre en considération seulement l’humanité de Jésus. Alors il ne faut pas oublier, que tout l’évangile de Matthieu est une description du Royaume: le Royaume de Dieu, déjà présent sur cette terre.et les chapitres 8-11 le considèrent en relation avec la fonction des apôtres. Aussi pouvons nous voir dans cette exclamation référée par Matthieu, déjà une allusion à l’œuvre apostolique de continuer à répandre sur la terre la grâce de la rémission des péchés et aussi de proclamer la profondeur de l’œuvre rédemptrice de Jésus Christ.
Ceci est une annonce très actuelle en ces jours, qu’on cherche de toute manière de créer des divisions dans l’Eglise, de la rabaisser à une association purement humaine, de faire valoir des ‘droits humains’ dans le vécue de la Foi.
Si il y a de points de contestation, Jésus nous a appris comment y réagir: ne pas juger, mais prier. Il y a une prière, qu’on fait à l’intérieur de son âme, mais il y a aussi la prière de la communauté en difficulté, qui crie vers son Père céleste, mais peu nombreux sont ceux qui ont cela présent. Jésus pourtant a promis: demandez et vous recevrez.
Dans la situation angoissante du moment ne perdons pas de vue cet avertissement du Seigneur: Votre Père céleste sait de quoi vous avez besoin, cherchez d’abord le Royaume et tout cela vous sera donné par surcroît. Demandons pour l’Eglise la sanctification et pour les fidèles le regard illuminé par une foi vive et ceux qui chercheront trouveront en Elle la présence du Seigneur.
La lecture de l’épître aux Romains de ce jour (12,6-14) donne une description alléchante, comment la communauté chrétienne doit se montrer, mais je ne veux pas relire tout le passage, seulement je veux vous rappeler le début du chapitre 12: Je vous exhorte donc, frères, par la miséricorde de Dieu à offrir vous-mêmes en sacrifice vivant, saint et agréable à Dieu. Ne vous conformez pas au monde présent, mais soyez transformés par le renouvellement de votre intelligence, pour discerner, quelle est la volonté de Dieu.
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