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Liturgie du jour de Noël 2024

- Noël = fête de la joie, joie de la naissance d’un enfant, joie pour tous les présents,
Marie et Joseph, les bergers et les mages, joie de la paix de cette nuit, malgré l’absence de «
chez soi », la fatigue du voyage, l’inconfort de la grotte
- Mais cette paix ne durera pas longtemps, vu les craintes d’Hérode, prêt à tout pour
garder son trône. N’est-ce pas une situation humaine si fréquente : les guerres, fruit de la
mégalomanie d’un homme, la misère souvent engendrée par la cupidité de quelques-uns,
l’abandon et le désespoir de personnes que personne ne regarde parce que tout le monde est
trop occupé…
- C’est ainsi depuis toujours, comme le rappellent les lectures de l’A.T. faites aux
vigiles, mais aussi notre expérience quotidienne : quand S. Paul parle du « péché d’Adam »,
que l’on rapporte à la « désobéissance » d’Adam et Ève au paradis, comprenons bien que nous
sommes tous, quelque part, Adam et Ève. Le récit biblique n’est pas un cours d’histoire, il
nous raconte notre propre histoire, celle de la volonté – qui se cache toujours quelque part
dans notre subconscient et qui se manifeste avec plus ou moins de force – d’être autonomes,
d’être « comme des dieux, connaissant le bien et le mal » (Gen 3,5). Comprenons bien que la
désobéissance n’est pas celle d’avoir volé un fruit, mais c’est de refuser de vivre dans la
vérité : nous sommes des créatures et non pas le créateur, ce n’est pas à nous de définir ce qui
est bien ou mal (= « connaître le bien et le mal »), il nous faut l’accepter et vivre en
conséquence. Ce n’est pas pour rien que, dans la Genèse, l’arbre de la désobéissance s’appelle
« arbre de la connaissance du bien et du mal » et que Dieu a dit à Adam : « tu n’en mangeras
pas, car le jour où tu en mangeras tu mourras certainement » (Gn 2,17). Il ne s’agissait pas
de mort terrestre, mais de mort spirituelle, et ce verset signifie, en clair, que si l’être humain
prétend définir lui-même ce qui est bien et ce qui est mal, il cause sa propre mort spirituelle,
dont la conséquence est la fin du « paradis terrestre », autrement dit que chaque être humain
voudra faire sa propre loi et la fera aux dépens des autres… et de la nature, « notre maison
commune » dont on réalise aujourd’hui qu’elle risque d’être détruite parce que chacun la
traite selon ses propres intérêts. C’était déjà le cas avec les êtres humains, victimes des
guerres, de l’esclavage, d’une pauvreté programmée par ceux qui veulent s’enrichir sur le dos
des autres… Mais là, comme cela ne retombait que sur les victimes, on essayait de se voiler la
face. Avec la nature dans laquelle nous vivons tous ensemble, tout le monde est pris en otage,
il devient difficile de refuser de le voir.
- Alors, dit la Bible, Dieu a chassé Adam et Ève du paradis (Gen 3,23). En fait, l’exil
hors du paradis terrestre, c’est l’homme lui-même qui se l’est fabriqué. Comme déjà dit, nous
sommes tous quelque part Adam et Ève, et le mal que nous faisons retombe certes sur les
autres… mais aussi sur nous-mêmes, car faire le mal rend l’être humain mauvais. Nous
sommes créés « à l’image et à la ressemblance de Dieu » (Gen 1,26) et ne pouvons être
heureux que si nous vivons de manière conforme à cette ressemblance, autrement dit si nous
nous aimons les uns les autres comme Dieu nous aime (Jn 13,34 ; 1 Jn 3,11 ; 4,7.11), puisque
Dieu est amour (1 Jn 4,8.16).
- Mais l’Écriture nous dit aussi que Dieu n’a pas voulu nous laisser tomber ! Il ne peut
pas nous sauver malgré nous, car ce serait nous priver de notre liberté, et donc détruire

l’image de Dieu qui est en nous. Un être humain privé de liberté n’est plus « à l’image et à la
ressemblance de Dieu », qui est souverainement libre, et qui a besoin de cette liberté,
puisqu’Il est amour et que l’amour ne peut exister que dans la plus parfaite liberté — et cela
vaut pour nous tout autant que pour Dieu. Alors Dieu a choisi de s’incarner, de devenir l’un
de nous, dans la même condition d’humanité qui est la nôtre, pour nous ouvrir le chemin du
salut non pas en nous forçant la main, mais en nous montrant le chemin que nous sommes
invités à suivre librement.
- La joie de Noël, c’est la joie de voir que Dieu s’est fait l’un de nous, qu’Il nous fait
entière confiance, qu’Il se livre totalement à nous pour nous montrer le chemin. Nous savons
qu’Il assumera jusqu’au bout cette nature humaine, vivant la vie d’un être ordinaire, pauvre,
n’ayant pas un lieu où reposer la tête (Mt 8,20), annonçant la vérité et en subissant les
conséquences jusqu’à la mort, mais aussi en ressuscitant, comme le psaume l’avait annoncé
(Ps 15 [16],10), comme Pierre et Paul l’ont proclamé (Act 2,14-36 ; Act 13,16-41). Comme
un petit enfant, Dieu se livre entre nos mains. Et si aujourd’hui Jésus n’est plus parmi nous
comme un petit enfant sans défense, Il n’en reste pas moins qu’Il s’est livré à nous pour
toujours, car sa mission sur terre, c’était de nous libérer de nos péchés, mais cela même Dieu
ne peut pas le faire sans notre collaboration libre et volontaire ! Jésus est venu au monde, Il
est mort et Il est ressuscité, Il nous a envoyé son Esprit pour nous sanctifier, mais c’est à
chacun d’entre nous de mettre en pratique dans sa propre vie, de manière libre et volontaire,
l’enseignement de Jésus, c’est à chacun de nous de suivre librement son exemple, avec l’aide
de l’Esprit-Saint qui nous est donné dans les sacrements. S’il s’agit de glorifier le Christ qui
vient au monde, c’est par nos actes, en suivant son exemple et en témoignant, par notre
manière de vivre, que le paradis existe dans nos coeurs, et que plus les hommes croiront en
Jésus en mettant concrètement en pratique ce qu’Il nous a enseigné, plus la terre ressemblera à
un paradis, jusqu’au jour où nous serons tous réunis dans son Royaume.
Le Christ vient au monde : glorifions-Le !