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27e dimanche après la Pentecôte

Dans l’évangile de ce jour, nous assistons à une discussion comme si nous
étions – je dis bien comme si nous étions – au milieu de la foule qui entourait le
Seigneur. Un notable, c’est-à-dire un e personne nantie, respectée , qui est juste,
pieuse et religieusement zélée, vient vers Jésus et lui demande : « Bon Maitre
que dois je faire pour recevoir la vie éternelle en partage ? » La question posée à
Jésus est pleine de bonne volonté.   Jésus, répond sur le même registre – le
registre du « faire soi-même son salut » – : « pour avoir droit à la vie éternelle,
voici ce qu’il faut faire : observer les commandements ». Et l’homme lui répond
« Maître, tout cela, je l’ai observé depuis ma jeunesse. » Il attend sans doute le
brevet de bonne conduite, qu’il mérite d’ailleurs, si réellement il pratique tous
ces commandements depuis sa jeunesse, comme il dit. Mais Jésus n’est pas un
maître de doctrine : il ne se contente pas de dire ce qu’il faut faire pour être en
règle ; les commandements sont une étape, ils ne sont qu’une étape vers la vie
éternelle. Jésus lui révèle que la vie éternelle n’est pas une récompense pour
demain, elle est la vie avec lui, tout de suite et pour toujours. Alors Jésus
propose lui une suite d'actes à faire : retourner, vendre, suivre. Il faut d'abord
aller, donc retourner dans sa maison, dans ce monde et en fait dans son cœur
intérieur. Retourner parmi ses biens, auxquels on est attaché. Et puis « Vends ce
que tu possèdes» : ce que nous possédons, ce ne sont pas seulement les biens
matériels, c'est tout ce qui remplit notre cœur: nos ambitions, nos désirs, notre
carrière, notre sentiment c'avoir atteint quelque chose, même sur le plan
spirituel. Nous avons réalisé ce que nous voulions réaliser dans notre existence
et nous nous accrochons à cela.. Je dois m'en dessaisir. Je dois ne pas me
considérer comme ayant acquis, comme ayant mérité, comme ayant atteint
quelque chose. Je dois me défaire de cela. C’est en fait devenir conforme au
Christ, devenir un humble serviteur, conscient qu’on a tout reçu. C’est un
chemin de croix parce que cela signifie qu'il faut mourir: mourir non seulement
pour le monde, mais mourir pour ce monde qui est à l'intérieur de moi. «Donne-
le aux pauvres », c'est-à-dire constamment voir dans mon prochain, dans ceux
qui sont autour de moi le visage du Christ, et vouloir partager, vouloir m'oublier

en eux, vouloir être serviteur pour eux, et comme le dit saint Paul. ce n'est pas
tout, cela ne suffit pas. Saint Paul le dit aussi dans la première épître aux
Corinthiens: «quand je donnerais toutes mes possessions aux affamés, si je n'ai
pas l'amour, je n’y gagne rien» (1 Cor 13,3). Qui qui peut être sauvé ? Si on
regarde les trois évangélistes qui racontent notre histoire, on constate que
l’évangéliste Marc nous dit "Jésus le regarda et l'aima". Marc souligne cet élan
d'affection du Seigneur. Il faut retenir cela et savoir que le Seigneur nous aime,
qu'Il nous appelle sans cesse davantage à Lui, tous tant que nous sommes. Mais
malheureusement il faut bien sûr nous souvenir aussi que le jeune homme
s'éloigna, tout triste. Nous pouvons penser que Jésus, qui l'aima, l’a regardé
s'éloigner avec tristesse et a commenté ce départ : « Il est plus facile à un
chameau de passer par le trou d’une aiguille qu’à un riche d’entrer dans le
Royaume de Dieu. » Nous connaissons ce dicton qui ferait croire que l'entrée
dans le Royaume est pratiquement impossible. Or c'est bien ce que répond Jésus
à la question des disciples : « Mais alors qui peut être sauvé ? » « Oui, pour les
hommes, c’est impossible », répond Jésus. Aux hommes cela est impossible,
totalement impossible. Il n'y a pas lieu de minimiser cette parole ni de
l'édulcorer. Aux hommes c’est impossible, mais à Dieu tout est possible. Or
Dieu est venu jusqu'à nous, Il nous tend la main, Il accueille le Fils prodigue que
nous sommes, Il prend sur ses épaules la brebis perdue que nous sommes et Il
nous ramène Lui-même dans la bergerie, dans le Royaume. Jésus est la seule
porte, Il est le seul chemin, Il est la voie, Il est la vie, Il est la Résurrection, Il est
le pain de vie. Il n'y a pas d'autre nourriture pour notre vie en Dieu que Jésus
Lui-même. Il n'y a pas d'autre lumière pour illuminer notre chemin terrestre que
l'Esprit Saint Lui-même. Il faut que nous sentions cette certitude de tout notre
cœur, de tout notre être le plus profond. Alors nous pourrons à notre tour
répondre chacun au Seigneur : « Oui Seigneur, donne-moi intérieurement de
T'aimer par dessus tout et de Te suivre là où Tu veux que j'aille ». Puissions-
nous constamment nous interroger et interroger le Seigneur : Que me manque-t-
il ? Que me manque-t-il ? afin d'entendre Sa réponse : « suis moi ». Amen.