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Pentecôte

Frères et soeurs dans le Seigneur,
Ce n'est pas facile de parler de l'Esprit Saint ! Car, si c'est bien Lui qui rend
possible de s'adresser à Dieu comme Père et de proclamer que Jésus Christ est
Seigneur, Lui-même reste effacé. L'Esprit est la Personne la plus mystérieuse de la
Sainte Trinité, un seul Dieu. Nous ne pouvons que balbutier en évoquant la vie
intime de Dieu. Adorer en silence ce mystère ineffable vaut mieux que de vouloir
l'analyser. Nous pouvons toutefois proclamer les merveilles de Dieu dans la création
et dans l'histoire du salut. C'est là que nous voyons l'Esprit de Dieu à l'oeuvre.
L'Ecriture parle de l'Esprit Saint en images. Il est l'eau vive promise par le
Christ à la Samaritaine, eau qui deviendra source d'eau jaillissant en vie éternelle (cf.
Jn 4, 10.14). Si quelqu'un a soif, qu'il vienne à moi et qu'il boive (Jn 7, 37). Hier soir,
aux matines, le choeur a chanté ce Mégalynaire : Nous te magnifions, ô Christ,
source de vie. On a pu décrire la prière comme la rencontre de deux soifs : celle du
Seigneur et celle du croyant. Dieu qui a soif que nous ayons soif de lui (cf. CEC
2560, cf. S. Aug.). La question essentielle est donc : avons-nous soif de Dieu ? Et ici
on touche le registre des désirs humains. Une des dernières phrases de l'Apocalypse
en parle : Que l'homme assoiffé s'approche, que l'homme de désir reçoive l'eau de la
vie, gratuitement (Ap 22, 17b). Le drame de l'homme, celui de notre époque, comme
de toutes les époques sans doute, est que nos désirs ne sont pas unifiés dans le désir
de la vie que Dieu veut nous partager par son Esprit. Ou encore, nous voudrions être
sous l'emprise continuelle de l'Esprit, sans passer par le désert, terre sèche, altérée,
sans eau, comme dit le psaume (63(62)). Heureusement, dans sa miséricorde l'Esprit
vient au secours de notre faiblesse et Il intercède pour nous en des gémissements
ineffables, comme dit saint Paul aux Romains (8, 26). Ce n'est pas la faute de l'Esprit
Saint si nous ne devenons pas des êtres spirituels, si nous ne sommes pas illuminés,
si nous ne communiquons pas la grâce à ceux que nous rencontrons. Bien souvent
nous attristons l'Esprit. Celui qui est la source de la joie peut être attristé par notre
fermeture. Nous sommes là dans le drame de la liberté. Justement, l'Esprit veut
libérer en nous la liberté des enfants de Dieu, ceux qui aiment comme le Christ, ceux
qui aspirent à la ressemblance avec Lui.
Autre image pour évoquer l'Esprit : le feu. Le feu d'amour divin qui
transforme, comme on l'a entendu dans l'événement pentecostal raconté par les
Actes. L'onction du Messie s'est transmise à ses disciples. Au lieu de timidité et de
peur, il y a l'audace dans tout leur agir. Sagesse d'en haut pour témoigner du Christ
ressuscité. On la retrouve tout au long de l'histoire du christianisme. L'Esprit donne
le goût de la vérité révélée, c'est l'onction du sens de la foi. Il donne le repentir qui
devient source de joie, la joie de se savoir aimés du Père de Notre Seigneur Jésus
Christ. Il est à l'origine de formes de sainteté qui ont laissé des traces, jusque dans
nos sociétés séculières. On pourrait continuer à énumérer les merveilles que fait
l'Esprit, comme vive flamme d'amour et source d'eau vive, dans le coeur des

croyants et des hommes de bonne volonté, et contempler ainsi la beauté de son
oeuvre dans l'histoire du salut : ses dons, ses charismes, ses fruits et tout d'un coup

quelqu'un demande : et maintenant, qu'est-ce que nous en voyons, de quoi faisons-
nous l'expérience ? N'est-ce pas le contraire que nous vivons actuellement : que

d'énergie déployée non pas pour rendre la vie humaine plus digne, mais pour
attaquer l'ennemi ; incapacité de se parler avec raison et maîtrise de soi. On est loin
de la vision d'Isaïe « Ils briseront leurs épées pour en faire des socs et leurs lances
pour en faire des serpes. On ne lèvera plus l'épée nation contre nation, on
n'apprendra plus à faire la guerre » (Is 2, 4). Le pire n'est-ce pas lorsqu'on prétend
défendre les valeurs traditionnelles, chrétiennes, avec des armes, autres que le glaive
de l'Esprit, c.à.d. La Parole de Dieu (cf. Ep 6, 17). Et au sein des Eglises, que de
dialogues manquées à force d'idéologies, de quelque côté qu'elles viennent. Bref,
n'est-ce pas Babel, presque partout, plutôt que la Pentecôte ? Je cite Benoît XVI :
« nous avons multiplié les possibilités de communiquer, d'obtenir et de transmettre
des informations, mais peut-on dire que la capacité de se comprendre s'est développé
ou bien, paradoxalement, que l'on se comprend toujours moins ? » et d'ajouter que ce
n'est que l'Esprit de Dieu qui peut donner une capacité nouvelle de communiquer et
de réaliser la communion.
Toute cette violence dans le monde, toute cette confusion même chez ceux qui
pourtant sont pour le Christ et son Evangile, et il faut ajouter aussi toute cette
indifférence chez beaucoup d'autres encore, ce n'est pas la faute de l'Esprit, ce n'est
pas un signe de son absence, mais ce sont plutôt nos fermetures qui le rendent triste
et l'empêchent de déployer toute son énergie divine, surnaturelle, dans les coeurs,
dans les structures du monde créé et les cultures. Il entre où Il trouve de l'espace.
Espace faite d'écoute, de silence, d'attente, de désir de Dieu, de disponibilité, de
fidélité aussi. C'est là, dans le secret de beaucoup de coeurs pauvres et détachés qu'Il
est dans son élément – si l'on peut dire. Le mystère de la Pentecôte continue dans
l'Eglise et d'une certaine façon dans la création entière qui gémit en travail
d'enfantement (cf. Rm 8, 22). Que de sacrifices cachés et consentis, en union avec le
Christ ! Que d'actes de courage, de dévouement, que de prière, chaque prière
authentique étant inspirée par l'Esprit Saint, aussi hors des frontières visibles de la
chrétienté. C'est à un saut d'espérance qu'Il nous provoque, non pas à l'optimisme
naïf, pour lequel il n'y a aucune raison actuellement. Cette espérance, théologale
comme on dit, cela veut dire engendrée par l'Esprit Saint, suscite aussi des forces
vives selon les états de vie, les situations existentielles, les vocations, les missions
ecclésiales et au sein de la cité terrestre. L'Esprit appelle à l'unité en Christ, Il édifie
le corps dont nous sommes les membres, les pierres vivantes. Il veut rendre la foi
vivante au lieu de dormante, agissante dans la charité. Il nous montre comment
suivre Jésus jour après jour, la lumière véritable qui éclaire tout homme. Il nous
donne de devenir nous-même lumière. L'Esprit et l'Epouse disent « viens » (Ap 22,
17).
Mais il y a aujourd'hui le don des langues. Daarom nog iets in het Nederlands.
De Heilige Geest is de bron van levend water, Hij is het verterende vuur van Gods
liefde. Hij is een bron van hoop : de hoop wordt niet teleurgesteld, want Gods liefde

is in ons hart uitgestort door de heilige Geest die ons werd geschonken. Hij is de
minnende kracht in onze zwakheid, wanneer wij niet weten hoe te bidden en
wanneer het gebod van de liefde in Jezus'Naam onze krachten lijkt te boven te gaan.
Hij brengt ons op het goede moment de woorden van het evangelie in herinnering,
als bronnen van heil voor onszelf en voor ieder die God op onze weg plaatst. Amen.