A Jéricho, un homme riche, Zachée, cherchait à voir Jésus. Chercher Jésus. Le matin de
Pâques, le Christ ressuscité, sous les traits d'un jardinier, va demander à Marie-Madeleine
venue au tombeau : Qui cherches-tu ? Chaque fois que nous prions, le Seigneur nous pose la
même question : Qui cherches-tu ? Il y a beaucoup de gens qui prient, certains prient pour
gagner au loto ou pour toutes sortes de bagatelles. Ce n'est pas illégitime ni interdit mais la
prière authentique doit d'abord être de chercher Jésus-Christ et c'est pourquoi il est
nécessaire de méditer les Saintes Écritures, de la façon la plus simple d'ailleurs, et de
chercher Jésus-Christ. Ignorer les Écritures c'est ignorer le Christ, a dit saint Jérôme.
Mais Zachée ne pouvait voir le Christ, car il était trop petit. En effet, nous sommes tous
incapables par nos propres forces de rejoindre Jésus-Christ. Alors Zachée monte dans un
arbre. Il fait ce qu'il peut. Le Seigneur nous demande malgré tout de faire ce que nous
pouvons pour le rencontrer, d'avoir un vrai désir spirituel, d'être de bonne volonté. Et alors il
récompensera nos efforts, certes insuffisants par nature, et c'est lui-même qui nous rejoindra
et nous invitera. Nous n'aurons plus qu'à le laisser faire. La foi qui nous sauve, nous dit
l'épître aux Hébreux, est une ferme conviction que Dieu existe et qu'il récompense ceux qui
le cherchent.
Aujourd'hui, il me faut demeurer chez toi. Jésus transforme tout. Nous cherchions à voir le
Christ, mais Lui nous propose bien davantage. Il veut venir demeurer en nous avec tout son
amour et partager tous les instants de notre existence. Chaque fois que nous communions
lors des saints mystères, le Seigneur nous dit : Descends de ton arbre, car aujourd'hui il me
faut demeurer chez toi. Celui qui mange ma chair et boit mon sang, demeure en moi et moi,
je demeure en lui. Goûtez et voyez comme est bon le Seigneur. Pour les saints le moment de
la communion eucharistique était des instants de plénitude, d'intimité avec le Seigneur,
source de délices ineffables et de joie inexprimable, le ciel sur la terre.
Zachée reçut Jésus avec joie. Beaucoup ne reçoivent pas Jésus, sinon contraints ou forcés,
parce qu'ils le redoutent. Mais, dit saint Jean, l'amour parfait bannit la crainte. C'est donc
avec confiance que nous désirons la venue du Christ dans notre vie et surtout à la fin de
celle-ci, car il est toute bonté et miséricorde. C'est bien la venue de notre plus grand ami que
nous attendons.
Or c'est en effet chez un pécheur que Jésus est venu demeurer ce jour-là. Dans la prière
avant la communion, nous disons : Tu es venu sauver les pécheurs, dont je suis le premier.
Ce n'est pas notre péché qui empêchera le Christ de nous visiter et de nous sauver, mais
notre manque de repentir et de confiance en sa Divine Miséricorde. Comme chez Zachée,
cette venue du Christ et la découverte de son amour pour nous, va nous pousser à mieux
vivre. Cette foi, non plus par crainte d'un châtiment, mais par gratitude et par amour pour
Celui qui nous a tant aimés. La Bible contient pas mal de malédictions contre les mauvais
riches mais sait aussi l'existence de bons riches, comme Zachée qui va donner joyeusement
la moitié de ses biens aux pauvres et réparer surabondamment ses torts passés éventuels.
Et ainsi, ce sera la joie et l'exultation de Jésus : aujourd'hui le salut est entré dans cette
demeure. On peut être à la fois faible et pécheur, et être en même temps un fils d'Abraham,
c'est-à-dire un héritier de l'antique promesse faite de manière irrévocable par Dieu et
accomplie et réalisée dans la venue de son Fils parmi nous.
Car cet épisode de Zachée se situe à Jéricho, juste avant la montée du Christ à Jérusalem,
pour y subir sa Passion d'amour et opérer la rédemption promise, le jour du premier péché :
sauver ce qui était perdu et rassembler de partout les enfants de Dieu dispersés. Telle est
notre conviction de foi, nous qui avons été pardonnés et sommes devenus les enfants de
Dieu. L'histoire de Zachée, c'est vraiment toute l'histoire de notre vie.
Votre panier est vide !