Sursum corda ! Haut les cœurs ! Le Christ est ressuscité !
Sursum corda ! Haut les cœurs ! Le Seigneur est sorti du tombeau ! Il s’est élancé vers son Père et notre Père, vers son Dieu et notre Dieu (Jn 20, 17). Comme Pierre et Jean, courons nous aussi au tombeau (Jn 20,4), comme Marie de Magdala, laissons-nous saisir et retourner à l’appel de notre nom (Jn 20, 16). Laissons le Seigneur bousculer nos certitudes et nous apparaître sous un jour nouveau. On le croyait mort, et il est vivant ! Il nous précède auprès du Père et il nous y entraîne à sa suite puisqu’il est « le Chemin, la Vérité et la Vie » (Jn 14, 8). Oui, il est la Vie, et il l’est en plénitude. C’est ainsi que cette Vie, il peut nous la donner en surabondance (Jn 10, 10). C’est pour cela que le Père l’a envoyé (Jn 4, 24 ; 6, 39).
Sursum corda ! Haut les cœurs ! Ne perdons pas courage, ne nous laissons pas enfermer par nos peurs, nos déceptions et nos découragements. La croix est apparue aux apôtres comme un échec public, la pire fin qui puisse advenir. Il est aussi des situations dans nos existences, tant au niveau personnel que familial et communautaire, qui peuvent apparaître comme des échecs et qui de fait le sont. Et c’est humiliant ! Mais comme disait encore tout récemment (audience de mercredi 5 avril) le pape François : « Jésus dépouillé de tout nous rappelle que l’espérance renaît en faisant la vérité sur nous-mêmes … ». Certes, il y a des blessures qui guérissent difficilement, voire jamais. Les plaies du Christ ne se referment pas, elles sont transfigurées. Que nos blessures, unies aux siennes, soient une ouverture vers un possible futur. Il y a là pour nous un chemin de conversion, et c’est bien le Christ crucifié et ressuscité qui nous le montre. Il y a là un passage à effectuer, c’est une Pâque pour le Seigneur. Et comme le dit saint Paul : « Purifiez-vous du vieux levain pour être une pâte nouvelle, puisque vous êtes des azymes. Car notre pâque, le Christ, a été immolée. Ainsi donc, célébrons la fête, non pas avec du vieux levain, ni un levain de malice et de méchanceté, mais avec des azymes de pureté et de vérité » (1 Co 5, 7-8).
Ne laissons pas l’amertume, le ressentiment et la tristesse envahir notre cœur. Ne laissons pas mourir notre cœur. Qu’il s’enflamme plutôt à la voix du Seigneur nous expliquant les Écritures (cfr Lc 24, 32). Pierre a renié, les Onze, et pas seulement Thomas, ont douté, et les voilà rassemblés ceux que la nuit avait dispersés, et le Seigneur est au milieu d’eux. Le temps est venu de se rappeler le commandement nouveau ; en fait, il ne faut jamais l’oublier, mais en faire mémoire comme en chaque eucharistie : « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés ; c’est à l’amour que vous aurez les uns pour les autres que l’on vous reconnaîtra pour mes disciples » (Jn 13, 34-35). C’est le Verbe de Dieu qui nous parle, sa Parole faite chair, et c’est dans cette chair meurtrie et glorifiée qu’il ressuscite et nous entraîne vers le Père parce que le Fils est tout tourné vers le Père (Jn 1, 18). Soyons-le nous aussi, cherchons les choses d’en haut, là où est le Christ auprès de Dieu (Col 3, 1), in sinu Patris, dans le sein du Père. Plus qu’à une vie de proximité, nous sommes conviés à une vie d’intimité avec Dieu. Et pour chacun, de façon unique.
L’apôtre et évangéliste Jean, le disciple bien-aimé, a vu et a cru, il a vu le Verbe fait chair (1 Jn 1, 1-4) et il a vu le tombeau vide, et il a cru (Jn 20, 8). Et il a rendu témoignage, et il a partagé sa joie pour que notre joie soit complète.
Sursum corda ! Haut les cœurs ! C’est la prière, pour ne pas dire le cri, de toutes les liturgies d’Orient et d’Occident, et nous aussi, nous la dirons dans un instant : « Élevons notre cœur / Nous le tournons vers le Seigneur » ! Cherchons les réalités d’en haut ; avec le Christ ressuscité, tournons-nous vers son Père et notre Père, vers son Dieu et notre Dieu, parce qu’en Lui est notre Vie.
Sursum corda ! Haut les cœurs ! Le Christ est vraiment ressuscité !