« Voici ton roi qui vient à toi, humble et monté sur un âne » (Mt 21, 5)
Comme il est rassurant dans le tumulte de ce monde et le trouble qui peut habiter notre cœur en raison même de ce tumulte général et de situations particulières et douloureuses auxquelles nous sommes confrontés, comme il est rassurant et consolant de voir s’avancer notre roi, le Seigneur Jésus, « doux et humble de cœur » (Mt 11, 29).
Il est rassurant … Être rassuré ne signifie pas être à l’abri de l’épreuve, mais bien soutenu dans l’épreuve. Le Seigneur qui s’avance va lui-même au-devant de l’épreuve, mais le Père le soutient. « Celui qui m’a envoyé est avec moi ; il ne m’a pas laissé seul, parce que je fais toujours ce qui lui plaît » (Jn 8, 29), dit Jésus parlant de son élévation en croix. Il en va de même pour nous. Et celui qui nous dit : « Venez à moi vous tous qui ployez sous le fardeau, car je suis doux et humble de cœur … » (Mt 11, 29), nous est un soutien en toutes circonstances. Voici donc que vient à nous, Celui qui nous appelle à Lui. C’est bien dans la logique de l’Incarnation, le Seigneur vient au-devant de son peuple, il vient au milieu de son peuple, il se fait l’un d’entre nous et nous appelle à le suivre. Et comme le dit le Siracide, un sage d’Israël, « rien n’est plus doux que de s’attacher aux commandements du Seigneur » (Si 23, 27). Le commandement du Seigneur, c’est sa Parole incarnée, le Verbe fait chair, Celui en qui le Père met toute sa complaisance et qu’il nous exhorte à écouter.
Il est consolant … Être consolé, ce n’est pas être exempt de pleurs et de douleur ; être consolé, c’est mettre sa confiance dans le Seigneur qui sèche toute larme de nos yeux. Il est cette consolation non seulement d’Israël, mais de toutes les nations, que le vieillard Syméon attendait et qu’il a reçue à bras ouverts (Lc 2, 25. 28). Et là déjà, lors de cette entrée au Temple, en se présentant à son Père, Jésus, le Fils unique, venait au-devant de son peuple pour le délivrer de tout péché et lui rendre la liberté des enfants de Dieu. Et au moment de retourner à son Père, c’est encore lui qui promet un autre consolateur : l’Esprit Saint qui produit la douceur parmi ses nombreux fruits.
Douceur et humilité se retrouvent en Jésus, doux et humble de cœur, humble et monté sur un âne. Et c’est ainsi qu’il s’avance vers nous par amour. Plus que la beauté, c’est l’humilité qui sauvera le monde. Elle l’a déjà sauvé dans le Christ, obéissant jusqu’à la mort. Encore faut-il qu’elle se manifeste en tous ceux qui appartiennent au Christ, encore trop enclins à raisonner en termes de pouvoir et de puissance. Or « impossible d’être frère si l’on n’est humble » disait le pape Paul VI à l’ONU en 1965. Et il précisait : « Car c'est l'orgueil, si inévitable qu'il puisse paraître, qui provoque les tensions et les luttes du prestige, de la prédominance, du colonialisme, de l'égoïsme : c'est lui qui brise la fraternité ». Lors d’une retraite prêchée au début du siècle dernier, le Bx Columba Marmion disait que « la douceur est la fleur de l’amour et de l’humilité réunis » et que « sans douceur [il est] impossible de vivre intimement uni [à] Jésus, [qui] est la douceur même et [que] chaque manque de douceur envers le prochain atteint dans son cœur ». Voilà qui donne à réfléchir, et surtout à pratiquer : douceur et humilité, une règle de conduite toute simple à la suite et à l’imitation du Seigneur Jésus.
« Voici ton roi qui vient à toi, humble et monté sur un âne ». Oui, il est vraiment rassurant et consolant dans le tumulte de ce monde et les peines de notre cœur, de voir s’avancer vers nous, notre Roi, doux et humble de cœur. Et c’est en vérité que nous pouvons lui dire : « Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur » (Mt 21, 9). « Que la douceur du Seigneur soit sur nous ! » (Ps 89, 17).