Bien que la communauté de Philippes soit particulièrement chère au cœur de l’apôtre Paul et qu’il lui accorde un témoignage favorable, il s’y est produit des rivalités de personnes. On y a constaté des manquements à la charité. L’harmonie et la paix de la communauté sont en danger. L’esprit de parti et la vaine gloire, la complaisance en soi-même et l’ambition sont la ruine de la communauté. Ce danger reste vrai jusqu’à nos jours pour chaque communauté. Selon S.Paul, parmi les chrétiens, il faut que chacun estime son prochain plus que soi-même. C’est en cela que consiste l’humilité. L’humilité se traduit par la prévenance mutuelle, par le souci aimant des uns pour les autres : voilà l’attitude qui révèle une communauté chrétienne. Tout comme les Philippiens jadis, nous sommes tous aujourd’hui invités à avoir les uns pour les autres les sentiments qui conviennent à des chrétiens. “Ayez entre vous ces dispositions qui furent aussi en Christ Jésus”. Comme modèle et archetype de l’humilité, S.Paul cite une ancienne hymne au Christ que nous avons entendue dans la lecture. Lui qui se trouvant en forme de Dieu, c’est-à-dire qu'il était Dieu comme le Père, il était son égal en honneur, en puissance et en majesté; il se vida lui-même, il se déversa lui-même tout entier, avec comme conséquence qu’il prend la forme de serviteur, d’esclave. La “forme de serviteur” ne doit pas être prise simplement pour un synonyme d’ “homme”, dans le sens d’un être faible et mortel. Le mot rappelle surtout le serviteur souffrant du Deutéro-Isaie. Le Christ lui-même a dit: ”Le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi mais pour servir et donner sa vie en rançon pour une multitude” (Mt 20,28) La marche du Christ dans l’abaissement va “jusqu’à la mort, et à la mort de la croix”. Le Christ est apparu sur terre en vue d’accomplir le plan du Père pour le salut de l’humanité. Ce plan comportait une obéissance illimitée du Serviteur de Dieu à la volonté du Père, qui attendait de lui l’abandon de sa vie. Jésus disait: ”ma nourriture, c’est de faire la volonté de celui qui m’a envoyé et d’accomplir son œuvre”.(Jn 4,34) Dans sa règle, S.Benoît cite l’hymne dans le chapitre sur l’humilité: ”Tel est le troisième degré d’humilité: se soumettre au supérieur en tout obéissance, pour l’amour de Dieu, à l’imitation du Seigneur, dont l’Apôtre dit: il s’est fait obéissant jusqu’à la mort”. Pour saint Benoît, le chemin de l’humilité passe par l’obéissance, qu’il oppose d’ailleurs à la volonté propre. Avouons-le, ce n’est pas un chemin facile: vivre dans l’obéissance. L’unique raison de l’obéissance, c’est l’amour de Dieu. Si l’amour n’y est plus, s’il s’attiédit et se refroidit, l’obéissance perd toute raison d’être. Cela devient idiot d’obéir. Sans amour, l’obéissance devient absurde. Saint Benoît insiste d’ailleurs sur ce point en soulignant que le seul modèle d’amour véritable qui soit, c’est le Christ Jésus lui-même; aimer, c’est devenir comme Jésus, lui devenir semblable, comme le dira si bien saint Paul dans l’hymne.
Cher Père Michael, ta présence entre nous et ton désir d’être toujours avec nous, je les vois comme un signe et grâce de Dieu pour notre communauté. Nous, qui nous appelons ”Moines de Union des Eglises”, nous sommes appelés à vivre d’abord entre nous l’union de charité et de service mutuel dans l’obéissance réciproque. Mais ta présence est aussi un appel à nous tous: où sont notre effort et notre prière pour l’œcuménisme? sommes-nous encore enthousiastes et disponibles — comme communauté et chacun de nous personnellement — pour notre vocation d’être moines de l’union des Églises? Cher frère, ta présence peut nous encourager et nous aider à continuer et à revivifier notre vocation pour l’Unité des Églises. La douleur de la séparation des Églises, que tu sens et vis courageusement dans ton cœur, est pour nous tous un appel à prier le Seigneur et à s’engager de tout cœur pour que tous les chrétiens deviennent un dans le Christ.
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