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Lundi de Pentecôte 2021

Dans l'Ancien Testament il existe deux interprétations fondamentales de la fête de la Pentecôte. Au début, la Pentecôte était « la fête des sept semaines » (cf. Tb 2,1), « la fête de la récolte» (cf. Nb 28,26 ss), lorsqu'on offrait à Dieu les prémices de la moisson (cf. Ex 23,16; Dt 16,9). Puis du temps de Jésus, le sens de la fête a été enrichi par l'évocation de la remise de la loi au Sinaï et de l'alliance; la fête qui commémorait les événements décrits dans le livres de l’Exode. Selon les calculs que nous trouvons dans la Bible, la loi en effet fut donnée sur le Sinaï, cinquante jours après la célébration de la Pâque, à la sortie de l'Égypte. Quel sens prend alors notre Pentecôte? Pourquoi l'Esprit descend-il sur les apôtres et l'Église juste le jour où Israël fait mémoire du don de la loi et de l'alliance? La réponse nous paraît claire: c'est pour indiquer que l'Esprit Saint est la nouvelle loi, la loi spirituelle, qui scelle l'alliance nouvelle et éternelle avec le nouveau peuple qui est l'Église. Quelle grande révélation sur la Pentecôte et sur l'Esprit Saint! Tout à coup les prophéties de Jérémie et d'Ezéchiel sur la nouvelle alliance, deviennent claires: « Mais voici l'alliance que je concluerai avec la maison d'Israël après ces jours-là, oracle de Seigneur. Je mettrai ma Loi au fond de leur être et je l'écrirai sur leur cœur» Or 31,33). Plus sur des tables de pierre, mais sur des cœurs; plus une loi extérieure, mais une loi intérieure, Ezéchiel précise en quoi consiste cette loi intérieure: « Je vous donnerai un cœur nouveau, je mettrai en vous un esprit nouveau ... Je mettrai mon esprit en vous» (Ez 36,26 ss). La nouvelle loi est 1'« esprit nouveau », l'Esprit Saint. Jésus, en effet, par sa mort et sa résurrection, à la Pentecôte et, à chacun de nous au baptême, a donné le Saint-Esprit qui est l'Esprit de Jésus. L'Esprit transforme l'homme. Voilà la nouveauté apportée par le Saint­ Esprit à la Pentecôte: il transforme le cœur de l'homme et le rend capable d'aimer Dieu et d'obéir à ses commandements. L'Esprit atteste que Dieu l'aime, homme, qu'il est son allié et non pas son ennemi; il montre tout ce que Dieu le Père a été capable de faire pour lui en Jésus-Christ et comment il n'a pas épargné pour lui son propre Fils. Dieu remplit le cœur de l'homme et Dieu n'est plus celui qui commande de faire ou ne pas faire, mais Dieu fait lui-même avec l’homme et en l’homme ce qu'il lui ordonne. La loi, qui est l'Esprit, est donc bien plus qu'une indication de volonté; c'est une action, un principe vivant et actif. La loi nouvelle est la vie nouvelle. Nous devons découvrir ce que nous sommes devenus dans le baptême, pour savoir ce que nous devons faire dans la vie. Notre devoir naît de notre être: « Puisque l'Esprit est notre vie, que l'Esprit nous fasse aussi agir» (Ga 5,25). Le baptême a fait de nous des hommes nouveaux; mais pour que cette nouveauté dure, elle doit elle aussi se renouveler de jour en jour (cf. 2 Co 4,16). « Ne pense pas, écrivait Origène, qu'il suffit d'être renouvelé une fois seulement. De jour en jour, il faut renouveler la nouveauté même. Mais mais.. L'Esprit donne donc la vie, mais il la donne à travers la mort., la mort du veille homme en nous.  Jésus! Il fut « mis à mort selon la chair » et pour cela Dieu le rendit « vivant selon l'Esprit» (cf. 1 P 3,18) de même pour nous. Le vrai homme nouveau, c'est Jésus; on ne peut parvenir à être des hommes nouveaux qu'en « lui devenant conforme dans sa mort» (cf. Ph 3,10). « Si nous sommes morts avec lui, avec lui nous vivrons» (2 Tm 2,11). : « Si par l'Esprit, vous faites mourir les œuvres du corps, vous vivrez! » (Rm 8,13) ( corps ou chai désigne un genre de vie centre sur soi-même)  Apprenons à regarder d'une autre façon cet aspect de mourir qui nous fait si peur. Jésus a dit : « Je suis la vigne véritable et mon Père est le vigneron. Tout sarment en moi qui ne porte pas de fruit, il l'enlève, et tout sarment qui porte du fruit, il l'émonde, pour qu'il porte plus de fruits» On 15, 1-2). La mortification est comme la taille. Au baptême, un germe de vie nouvelle nous a été greffé. Observons ce qui se passe en agriculture, lorsque l'on pratique une greffe. Pendant un certain temps on laisse vivre le reste de l'arbre, afin que ne meure ni le vieil arbre ni le nouveau. Mais dès que la greffe a pris et a commencé à avoir les premiers bourgeons, l'agriculteur taille et émonde, une par une, toutes les branches du vieil arbre, qui absorberait toute la force de l'arbre et ne produirait que les fruits sauvages d'avant. Chez nous aussi, après le baptême, le vieil arbre qui représente notre vieil homme demeure. Les branches en sont les passions et les fruits sauvages les œuvres de la chair. La vie nouvelle, comme la sculpture, s'obtient, « par l'art d'enlever », c'est-à-dire en éliminant les parties inutiles. On raconte qu'un jour Michel-Ange, en se promenant dans une cour de Florence, vit un bloc de marbre brut recouvert de poussière et de boue. Il s'arrêta net pour le regarder, puis, comme éclairé par une lueur soudaine, il dit : « Dans ce bloc de marbre un ange est caché : je veux l'en faire sortir! » Et il se mit à sculpter pour donner forme à l'ange qu'il avait aperçu. Il en est de même pour nous. Nous sommes encore des blocs de pierre brute. Dieu le Père nous regarde et dit: « Dans ce bloc de pierre est cachée l'image de mon Fils; je veux l'en faire sortir, pour qu'elle brille à jamais à mes côtés dans le ciel! » Pour réaliser son rêve, Dieu nous donne son Esprit et à nous de laisser vivre cet Esprit en nous. Il est écrit en effet que « l'amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs par le Saint­ Esprit qui nous fut donné» (Rm 5,5). Il ne s'agit pas ici simplement de l'amour de Dieu pour nous, mais aussi de l'amour dont nous devenons capables d'aimer Dieu et notre prochain, comme Dieu lui-même nous aime.; c'est une nouvelle capacité d'aimer. L'amour est le signe et le révélateur de la nouvelle vie de l'Esprit, nous dit S.Jean: « Nous savons, que nous sommes passés de la mort à la vie, parce que nous aimons nos frères» (1 Jn 3,14). il ne s'agit pas d'un amour acquis par nos propres efforts, mais d'un amour répandu en nous par Dieu gratuitement. . Dans chaque liturgie, avant l’épiclèse, c-a-d l’invocation du Saint Esprit sur nous et sur les don, le prêtre prie : «  A la troisième heure du jour, sur tes Apôtres tu envoyas le Saint Esprit : dans ta bonté, Seigneur, fais qu’il ne s’éloigne pas de nous, mais en nos cœurs se renouvelle, nous t’en prions ». Oui, qu’il ne s’éloigne pas de nous, mais en nos cœurs se renouvelle , pour que nous nous aimons les uns les autres comme le Christ nous a aimé..