Le "grand et saint Sabbat" est le jour qui lie le Vendredi saint, la commémoration de la croix, au jour de la Résurrection. Pour la grande majorité de ceux qui vont à l’église, les jours "importants" de la semaine sainte sont le vendredi et le dimanche, la Croix et la Résurrection. Ces deux jours, cependant, restent en quelque sorte distincts. Il y a un jour de tristesse, puis un jour de joie. Dans cette succession, la tristesse est simplement remplacée par la joie. Mais l’Église proclame que le Christ a "écrasé la mort par la mort" ; cela veut dire que, même avant la résurrection, se place un événement dans lequel la tristesse n’est pas simplement remplacée par la joie, mais elle-même transformée en joie. Le Samedi Saint est précisément ce jour de transformation, le jour où la victoire germe de l’intérieur même de la défaite, lorsqu’avant la résurrection il nous est donné de contempler la mort de la mort elle-même...Tout cela est réellement actualisé - chaque année, dans ce merveilleux office du hier soir . L’office de hier soir, commençait autour de l’Épitaphion avec une lamentation sur un mort. Devant le tombeau de notre Seigneur, nous contemplons sa mort, sa défaite. « Seigneur mon Dieu, je chante pour toi sur ton sépulcre, une hymne d’adieu ». A Travers le psaume 118 qui est l’expression la plus pleine et la plus pure de l’amour pour la Loi de Dieu, c’est-à- dire pour le dessein divin sur l’homme et sur sa vie, la tristesse et la lamentation se changent. La vraie vie, celle que l’homme a perdue par le péché, consiste à garder, en accomplissant la loi divine, cette vie, cette relation d’amour avec Dieu, en Dieu et pour Dieu, pour laquelle l’homme a été créé. Et puisque le Christ est l’image de l’accomplissement parfait de cette loi, puisque sa vie tout entière n’a consisté qu’à accomplir la volonté du Père, l’Église interprète ces paroles du psaume comme adressées au Père par le Christ au tombeau :"Vois, j’ai aimé tes commandements, Seigneur ; dans ta miséricorde, vivifie-moi." (v. 159)La mort du Christ est la preuve suprême de son amour pour la volonté de Dieu, de son amour pour nous, de sa solidarité avec nous, pécheur. Elle est un acte de confiance totale et d’espérance en cette volonté du Père ; et, pour l’Église, c’est précisément cette obéissance jusqu’à la fin, cette parfaite humilité du Fils, qui est le fondement et le commencement de sa victoire. « Par ta mise au tombeau tu m’ouvres les portes de la vie, détruisant la mort et l’enfer par ta mort ». Les prières de l’office décrivent la mort du Christ comme sa descente dans l’Hadès, aux enfers. Dans le langage concret de la Bible, "l’Hadès" est le royaume de la mort, cet état de ténèbres, de désespoir et de destruction qu’est la mort . Le Christ fait réellement et à fond l’expérience des ultimes conséquences du péché..Saint Paul nous dit : "le dernier ennemi, c’est la mort" (I Cor. 15,26), et sa destruction constitue le but ultime de l’Incarnation. La rencontre avec la mort est "l’heure" du Christ, celle dont il disait : "C’est pour cette heure que je suis venu" (Jn 12,27). Et maintenant, elle est venue, et le Fils de Dieu entre dans la mort. Mais au même moment apparaît le vrai sens de sa mort. Celui qui meurt sur la croix possède la vie en lui-même, c’est-à-dire qu’il a la vie, non comme un don reçu de l’extérieur, quelque chose qu’on pourrait lui enlever, mais qu’elle est la Vie. Il est la vie et la source de toute vie. "En lui était la vie, et la vie était la lumière des hommes." Comme homme, il peut réellement mourir ; mais en lui, l’Homme-Dieu, c’est Dieu qui entre dans le royaume de la mort, c’est la lumière qui entre dans les ténèbres.. "La Vie entre dans le royaume de la mort ; la lumière divine brille pour tous ceux qui y séjournent, car le Christ est la vie de tous, l’unique source de toute vie. Le tombeau donne la vie. En lui, une nouvelle création naît, : »toi, nouvel Adam, tu t’es endormi d’un merveilleux sommeil, d’un sommeil qui nous procure la vie, du sommeil et de la mort tu as réveillé notre vie ; o Seigneur toutpuissant.
Votre panier est vide !